vendredi 6 novembre 2009

Les compétences précoces du nourrisson

Lorsqu'en 1948, Melanie Klein publie La psychanalyse des enfants, le livre fait l'effet d'un électrochoc dans la communauté des psychanalystes. Certes, une approche psychanalytique avait été faite par les analystes. Freud lui même avait eu à s'occuper d'un enfant, le petit Hans, mais il n'avait pas pris l'enfant directement en traitement et s'était contenté d'un sorte de supervison du père. Ferenczi avait livré des observations d'enfants à la fois pleines de vie et de [x] Hug Hellmuth s'était essayée au traitement psychanalytique des enfants, et Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, préconisait une sorte d'éducation psychanalytique. Melanie Klein tranche en proposant un traitement psychanalytique et développe une théorie dans laquelle l'enfance est un monde de fantasmes, de désirs, de pensées et de fantasmes inconscients. N'était ce pas là exagérer ?

On doit aux psychanalystes d'enfants d'avoir participé à construction de la prise de conscience que le bébé est une personne. Ils ont montré que de façon précocissisme les bébés ont une vie psychique qui est en écho avec les événements de la famille. Cependant, bien que certains ont pu reproché aux psychanalystes de trop prêter aux bébés, les données les plus actuelles montrent qu'il ont sous estimé les compétences du nourrisson à être en lien et à penser !

Les bébés ont spontanément tendance à introduire de l'ordre dans le monde en recherchant des invariants. Cela leur permet de réaliser une tache importante, qui est d'identifier ce qui est spécifique de leur soi de ce qui est spécifique d'un autre soi. Cela a été montré à l'aide de plusieurs expériences

Par exemple, on a équipé le lit de nourrisson de mobiles. Un  cordon est attaché au pied du bébé de façon à ce que le mobile bouge lorsque le bébé bouge la jambe. En quelques jours, les nourrissons apprennent a faire bouger le mobile. Ils sont ensuite placés dans le même lit d'enfant, mais sans cordon. Les nourrissons tentent de faire bouger le mobile en bougeant la jambe. Si le mobile ou le lit est différent, les mouvements de la jambe sont moins fréquents.

Autre expérience, qui ne porte plus sur les capacités mnésiques des enfants mais sur leur besoin de vivre un monde cohérant et unifié : des enfants de 4 mois identifient et préfèrent regarder un films synchronisé avec sa bande son. Ou encore : on projette a des enfants de cinq mois une voiture qui s'éloigne et une voiture qui s'approche. Les enfants regardent la voiture qui s'éloigne lorsqu'on leur fait entendre un son qui diminue d'intensité, et la voiture qui s'approche lorsque l'on leur fait entendre une son qui augmente d'intensité.

Encore une autre ? Des expérimentateurs jouent à "coucou" avec des enfants de six a sept mois. Une semaine après on leur montre une marionnette qui joue à "coucou" en apparaissant et disparaissant. A la vue de la marionnette, les enfants sourient. Cette réaction est un signe du rappel sur indice car la seule vue de la marionnette immobile  et silencieuse après qu'elle ait joué à "coucou" les fait sourire.

On pourrait encore multiplier les exemples pendant longtemps : les enfants sont dès leur naissance plongés dans un monde de relations. Et dès leur naissance, ils ont des capacités à penser le monde et ce qu'ils vivent de façon. Ces capacités sont "précablées". Elles font que les bébés préfèrent les stimulis humains à tout autres. Mais elles sont ensuite renforcées ou inhibées par la famille, la culture, et le mouvement de ce que l'on appelle une vie.

Une dernière ? On a montré que dans une paire de soeurs siamoises, chaque enfant faisait clairement la distinction entre son corps et celui de sa sœur

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