lundi 30 novembre 2009

Quand les objets nous font mentir

Les objets sont des compagnons de notre vie psychique. Nous en avons quelques preuves dans notre vie quotidienne : nous sommes plus à l’aise dans tel vêtement particulier; nous connaissons les effets de cohésion de l’uniforme; et les proverbes comme “l’habit fait le moine” maintiennent dans la culture la conscience de l’influence du monde non-humain sur le fonctionnement psychique.

Une expérience publiée dans Psychology science, The Counterfeit Self: The Deceptive Costs of Faking It [PDF]  le met en évidence : porter des objets contrefaits conduit a la fois à agir de façon amorale et à juger les autres de la même manière.

Dans cette expérience, certains sujets portaient des lunettes de marque et d’autres des lunettes contrefaites. En fait, tout le monde portait des contrefaçons mais seuls ceux qui pensaient porter des objets contrefaits se conduisaient de façon malhonnête. Ils avaient également plus tendance à répondre “oui” aux questions du type “je ne me connais pas vraiment” ou “je me sens aliéné”

Autrement dit, faire semblant “en surface” avec des objets à un impact sur la façon dont on se  perçoit profondément. Pour l’auteur de l’étude le processus est le suivant : les contrefaçons sont un marché de dupes. Apparemment, ils accroissement l’estime de soi puisque l’on porte un objet qui a une forte valeur. Mais en fait, secrètement, ils la diminuent et diminuent le sens moral puisque je sais que je triche. Cette connaissance a un effet sur la façon dont je perçois l’environnement  et sur mes actes : si j’ai triché, peut être est ce que les autres aussi ont triché; si j’ai triché (sans être pris), alors je peux faire d’autre tricheries

Mais ce n’est là qu’une partie du chemin. Cela voudrait dire qu’il suffirait de porter des objets de marque pour nous conduire de façon morale ou d’une façon conforme au storytelling de ce ces marques.

Les résultats de cette expérience ne peuvent se comprendre que si l’on prend en compte que les objets sont médiateurs de notre vie psychique. Ils sont autant des reflets de nos états internes que leurs antichambres. Nous choisissons nos objets d’ornement  en fonction de nos états internes et ces objets ont un impact sur la façon dont nous nous percevons parce que nous avons avec les objets, avec tous les objets, une relation intime et profonde.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis tombé sur votre site il y a une poignée de jours grâce au très joli blog de Geoffrey Dorne (http://graphism.fr/) et pas plus tard qu'hier soir déjà, le premier post, ce premier post que j'ai lu de vous venait tracasser mes neurones assoupies au point que je me suis promis de me rappeler de cette divagation pré-nocturne pour vous en faire part; me voila donc.
    Mon questionnement se pose sur la mise en parallèle de cette étude sur les marques avec les religions. Est-il possible que ce cheminement mental s'applique aux personnes qui se "revendiquent" d'une religion tout en en bafouant certaines règles élémentaires?
    Un Catholique qui vole, un musulman qui boit?
    Merci a vous.

    RépondreSupprimer
  2. (mdr je te rapporte des lecteurs xD)

    RépondreSupprimer