dimanche 18 décembre 2011

Comment les médias sociaux ruinent nos cerveaux

Une jolie infographique dramatise les effets des réseaux sociaux sur les individus. L’utilisation de l’Internet en général et des réseaux sociaux en particulier aurait des effets sur la manière dont nous pensons, et plus particulièrement sur les processus cognitif. Par exemple :

  • Nous sommes de moins en moins capables d’être longuement concentrés. Le temps moyen d’attention à une tâche est de  5 secondes alors qu’il était de 22 secondes il y a 10 ans . Cette diminution serait particulièrement sensible chez les plus jeunes.
  • En ligne nous sommes constamment interrompus. Par exemple, une personne peut vérifier son mail entre trente et quarante fois par heure , ce qui fait une fois toutes les 90 secondes. Or, les interruptions, surtout si elles donnent lieu à un changement de tâche, nuisent à la qualité du travail effectué.
  • La compréhension d’un texte est meilleure si il n’est pas accompagné de vidéos
  • Les réseaux sociaux sont utilisés majoritairement à des fins d’auto-promotion.
  • L’utilisation d’un ordinateur pendant 5 heures change la façon dont le cerveau fonctionne
  • L’ocytocyne, une hormone impliquée dans l’empathie, est libérée dans l’organisme lors d’échanges en face à face. On la retrouve lors des échanges en ligne.
  • Le taux des hormones de stress est moins important lorsque la personne utilise Twitter
  • L’adrénaline, une hormone qui prépare l’organisme à réagir rapidement est libérée lorsque nous utilisons les médias sociaux.

      L’infographie est commentée sur psyetgeek.com

      How Social Media is Ruining Our Minds Infographic

      Infographic by Assisted Living Today – Assisted Living Facilities

      lundi 28 novembre 2011

      Jouer aux jeux vidéo laisse des traces dans le cerveau

      On vous le dit, on vous le répète : les jeux vidéo, c’est mauvais pour la santé. Une étude très récente montre que jouer à un jeu vidéo pendant une semaine change de façon significative le cerveau.

      La bonne nouvelle est sans doute que les gamers ont un cerveau, et ceux qui s’en préoccupent jetteront un œil sur cette étude de la faculté de médecine de l’Université d’Indianopolis. Pour arriver à ce résultat, elle a passé sous un scanner  22 hommes de 18 à 29 ans. Les sujets ont été divisés en deux groupes. Le premier était composé de gamers qui ont joué pendant au moins 10 heures à des jeux vidéo violents. Le second groupe était composé de personnes qui n’ont pas joué a un jeu vidéo pendant une semaine. Les deux groupes ont été comparé avant

      Pour les chercheurs, des effets sont constatés dans le cortex cingulaire antérieur et dans le lobe frontal inférieur droit chez les gamers. Il suffit d’une semaine de jeu vidéo pour que les régions préfrontales, généralement associée a des fonctions exécutives, soit moins activées. Il faut aussi une semaine sans jeu vidéo pour que le cerveau des gamers soit comparable à celui-des non-gamers

      Que penser d’une étude qui dit une chose (les jeux vidéo laissent une trace sur le cerveau) et son contraire (cette trace est réversible) sans que l’on sache de quoi ces traces sont le signe ? Est ce que jouer 10 heures par semaines vous laisse des idées meurtrières qui se traduisent par les différences observées au scanner ? Faut-il s’étonner de ce que le gyrus  cingulaire, structure impliquée dans la motivation, l’attention, et des fonctions exécutives de contrôle, soit davantage activé chez les gamers ?

      Ou ce genre d’étude fait elle partie de la panique qui est maintenue autour des jeux vidéo et de la violence ? En quoi faut-il s’étonner qu’une activité laisse une trace repérable au scanner et que son arrêt fasse disparaitre ces modifications ?

      Une autre étude faite au Texas avec 165 enfants et sur trois ans a conclu qu’il n’y a pas de liens entre les conduites antisociales, l’agression ou la dépression et les jeux vidéo.

       

      pdf-file-logo-icon (1)A longitudinal test of video game violence influences on dating and aggression: A 3-year longitudinal study of adolescents.  Christopher J. Ferguson, Claudia San Miguel, Adolfo Garza, Jessica M. Jerabeck 

      http://www.journalofpsychiatricresearch.com/article/S0022-3956(11)00262-7/abstract

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      mercredi 23 novembre 2011

      Un cas de maltraitance infantile du YouTube

      Judge William Adams

      Les images sont extrêmement violentes. Un homme bat sa fille avec une ceinture. La mère intervient quelques instants plus tard et prend la ceinture des mains de son mari et bat sa fille a son tour. La vidéo a été uploadée sur YouTube le 27 octobre 2011. Mais elle date  de 2004

      La jeune fille s’appelle Hilary Adams et elle a allumé la webcam parce qu’elle a senti que “quelque chose allait se passer”. L’ambiance à la maison s’était assombrie parce que son père l’avait surprise à télécharger illégalement de la musique. Son père, Williams Adams, est juge fédéral du comté de l’Arkansas et a tendance a confondre éducation et maltraitance.

      Lorsqu’une demi heure plus tard, le père fait irruption dans la chambre, éteint la lumière et commence à battre sa fille, la webcam enregistre la scène. La vidéo restera sur un disque dur pendant 7 ans avant d’être partagée sur YouTube

      Pour Hillary Adams, mettre la vidéo sur YouTube avait pour but de l’aider à prendre conscience de sa brutalité et de la terreur qu’il faisait régner à la maison.

      Elle a été vu plus de 6 millions de fois en quelques jours

      Le juge a fait l’objet d’une enquête de police mais n’a pas été inculpé : les faits sont prescrits. Il a fait publier une déclaration dans laquelle il fait de la vidéo une vengeance de sa fille. Avant le téléversement sur YouTube, il lui aurait fait savoir qu’il ne la soutiendrait plus financièrement et celle-ci lui aurait répondu qu’il allait le regretter.

      Le juge Adams affirmera que les images donnent une image dramatisée de la situation et qu’il se contentait de corriger sa fille pour les vols qu’elle avait commis.

      Sa réélection au poste de juge est compromise. Il a été suspendu de ses fonctions

      Vous trouverez aussi :

      dimanche 20 novembre 2011

      [Infographie] Les personnages de Game of Thrones

      Si vous vous intéressez un peu à la psychologie, alors vous avez une raison de plus de regarder Games of Thrones. Vous aurez plaisir à suivre les alliances conscientes et inconscientes qui lient les différents personnages et leurs familles.

      Pour s’orienter dans ce labyrinthe, l’infographie ci-dessous peut être utile.

      Game of Thrones a été traduit sous le titre Le trone de fer. Un blog francophone suit son actualité : http://www.game-of-thrones.fr/

       

      dimanche 13 novembre 2011

      Le futur vu par la SF

      De quoi demain sera fait ? il suffit de questionner la science fiction pour avoir quelques idées. Ou plus simple encore, se reporter à l’infographie réalisée par Michael Obson

       

      The_Future_According_to_Films

      jeudi 10 novembre 2011

      Realité augmentée pour National Geographic

      Devant les images, nous avons tendance à souhaiter nous laisser envelopper par elles ou les transformer. La réalité augmentée permet les deux, et c’est pluôt  MA-GI-QUE.

      A quand la réalité augmentée pour les cours de psychologie ?

      Live Augmented Reality for National Geographic Channel / UPC from Appshaker Ltd on Vimeo.

      jeudi 3 novembre 2011

      [Infographie] Les étudiants et les téléphones mobiles

      L’infographie de SocialMediaToday détaille comment est ce que les téléphones mobiles sont utilisés par les étudiants. Ils ne quittent pratiquement jamais leurs téléphones, l’utilisent massivement pour textoter, ou checker leurs réseaux sociaux. Le téléphone mobile intervient pour un quart d’entre eux dans leurs vies sexuelles comme dans leur travail scolaire. Enfin, pour la plupart d’entre eux, ce sont les parents qui payent les factures.

       HC_generation_mobile 2011

      [Infographie] Les actions d’Anonymous

      Via le blog du modérateur, cette infograhie des actions d’Anonymous réalisée par Sherweb. On regrettera l’absence de Pool Closed ou Anonymous vs Boxxy, qui a provoqué une guerre civile sur 4chan ou un peu plus de précisions sur Lulzec.

      70 websites challenge

      Brought to you by SherWeb.com Hosted Exchange provider

      mercredi 2 novembre 2011

      La perspective temporelle de Philip Zimbardo

      Sous le titre Les pouvoirs secrets du temps, RSAnimate met en images la théorie de Philip Zimbardo sur la perception du temps.

      Facebook donne la grosse tête

      Facebook donne la grosse tête mais ce n’est pas ce que vous croyez. Une étude menée par le Dr. Ryota Kanai suggère qu’il existe un lien entre la taille du réseau Facebook d’un individu et la taille de certaines parties de son cerveau. 

      L’imagerie par résonnance magnétique permet de repérer des régions du cerveau qui seraient liée au nombre d’amis, et même de différencier les amis des amis Facebook.

      Les personnes qui ont le plus d’amis Facebook ont davantage de matières grises dans l’amygdale, le girus temporal moyen, le cortex entorhinal et le sillon temporal supérieur. Ces structures sont impliquées dans la motivation, la mémoire et les émotions.

      La recherche retrouve un résultat qui est maintenant bien documenté : plus une personne a d’amis Facebook, plus elle a d’amis tout cours

       

      pdf-file-logo-icon (1)

      Online social network size is reflected in human brain structure. Kanai R, Bahrami B, Roylance R, Rees G.

      [Infographie] Statistiques Réseaux sociaux

      SocialBakers a mis en infographie les derniers chiffres sur les réseaux sociaux.

      lundi 31 octobre 2011

      Une cartographie des langues utilisées sur Twitter

      Eric Fisher (@ENF) a créé une carte des langues utilisées sur Twitter. Les données ont été obtenues via l’API de Twitter entre le 14 mai et le 20 octobre 2011.

      La cartographie montre à quel point Twitter est un phénomène limité. L'Afrique, l'Asie, une grande partie de l'Amérique du sud n’apparaissent pas sur la carte.

      samedi 29 octobre 2011

      L’immersion est une affaire de névrose

      La capacité à s’immerger dans une film, de vivre intensément scènes, d’être connecté émotionnellement aux personnages est liée au névrosisme. Le névrosisme est une des cinq composantes de la personnalité. Elle correspond à la tendance à éprouver facilement des émotions. Les personnes présentant ce trait sont facilement anxieuses ou déprimées et vivent intensément la frustration.
      La recherche menée par Weibel, Wissmath et Stricker montre que les personnes qui ont un score élevé sur la composante névrosime ont davantage tendance à s’immerger dans le film que les autres. Le contenu des scènes a peu d'importance. Les scènes tristes ou effrayantes produisent moins de plaisir chez les personnes qui ont un score élevé en stabilité émotionnel tandis que les scènes amusantes sont vécues avec davantage de plaisir.

      pdf-file-logo-icon (1)Weibel, D., Wissmath, B., & Stricker, D. (2011). The influence of neuroticism on spatial presence and enjoyment in films Personality and Individual Differences, 51 (7), 866-869 DOI:10.1016/j.paid.2011.07.011

      lundi 24 octobre 2011

      Facebook par les chiffres

      Via Mashable, une infographie sur Facebook. On y découvre qu’Eminen et le Poker sont les rois de Facebook?

       

      vendredi 21 octobre 2011

      Facebook et les enfants : parlez 1 minute, écoutez 5 minutes

      Larry Rosen a étudié le lien existant entre l’utilisation de Facebook, des traits de personnalité, et l’efficience scolaire.

      Il a étudié 279 collégiens et étudiants en enregistrant le temps passé sur Facebook avant le travail scolaire et les interruptions du travail du fait de l’envoi de textos ou d’aller-retour sur Facebook. De façon assez prévisible, il trouve que ceux qui s’interrompent souvent ont de moins bonnes notes que ceux qui peuvent maintenir une activité scolaire sans être interrompus. En 2009 il avait déjà montré que ceux passaient le plus de temps en ligne avaient aussi de moins bons résultats scolaires, étaient plus souvent absents, présentaient plus de symptômes dépressifs ou de conduites problématiques à l’école que les autre.

      Pour Larry Rosen, ce n’est pas Facebook en soi qui est responsable, mais l’entourage dont l’enfant bénéficie ou pas.

      Ce sont les enfants dont dont les parents ne se soucient pas de leurs activités en ligne qui présentent le plus de problèmes : ils sont plus narcissiques, en moins bonne santé et ont de moins bons résultats scolaires que ceux dont les parents surveillent l’utilisation des appareils connectés

      Les troubles de la personnalité ou les difficultés d’évolution t d’un enfant  ne sont pas liée à l’utilisation d’une technique. Ils se construisent dans un entrelacs complexe fait de génétique, d’interactions conscientes et inconscientes et d’éléments culturels.

      Concernant l’Internet, il n’y a pas de règle en termes de quantité d’usage. Larry Rosen a aisni pu montrer que parmi les jeunes adultes qui se servent le plus de l’Internet, certains développent des qualités d’empathie qui sont aussi utilisées dans le monde hors-ligne.

      Ce qui importe, c’est donc la qualité de la relation établie avec le média, et cette qualité dépend avant tout d’éléments de personnalité qui se construisent dans les interactions avec la famille.

      Il est donc important que les parents aient un temps de discussion et d’échange sur la vie en ligne de leurs enfants. La conduite à tenir n’est pas tellement différente de celle que les parents ont vis à vis des pratiques sportives de leurs enfants : l’enfant s’est il amusé ? S’est il produit des choses intéressantes ? A t il appris quelque chose ? A-t-il été ennuyé ? Vu le temps que les enfants passent sur l’Internet et la quantité de documents avec lesquels ils sont en contact, il y a là des trésors de discussion : à partir du buzz d’une vidéo ou d’une image, il est possible de discuter des mécanismes d’influence, de la communication, de l’importance des média dans notre société, du libre-arbitre, de l’humour etc. etc.

      Le conseil de Larry Rosen aux parents à propos de l’Internet peut être généralisé : “parlez 1 minute. Ecoutez pendant 5 minutes”. N’est-ce pas un bon conseil à appliquer pour tout ce qui touche aux vies de nos enfants ?

       

      pdf-file-logo-icon (1)Jackson, L. a, Zhao, Y., Witt, E. a, Fitzgerald, H. E., von Eye, A., & Harold, R. (2009). Self-concept, self-esteem, gender, race, and information technology use. Cyberpsychology & behavior : the impact of the Internet, multimedia and virtual reality on behavior and society, 12(4), 437-40. doi:10.1089/cpb.2008.0286

      Kalpidou, M., Costin, D., & Morris, J. (2011). The relationship between Facebook and the well-being of undergraduate college students. Cyberpsychology, behavior and social networking, 14(4), 183-9. doi:10.1089/cyber.2010.0061

      Stefanone, M. a, Lackaff, D., & Rosen, D. (2011). Contingencies of self-worth and social-networking-site behavior. Cyberpsychology, behavior and social networking, 14(1-2), 41-9. doi:10.1089/cyber.2010.004

      jeudi 20 octobre 2011

      L’Internet, la violence, la sexualité et les enfants

      Crédit Image : The Internet is for porn. WoW Machimina. D’après Avenue Q

      Nicole Ybarra a conduit de nombreuses études sur les comportements en ligne et leurs effets sur le développement des enfants. Elle a présenté au cours de la convention annuelle 2011 de l’APAP les résultats d’une nouvelle recherche effectuée entre 2006 et 2008  portant sur 1600 jeunes. L’étude portait sur le harcèlement en ligne – l’agression répétée d’un enfant par ses pairs via le réseau Internet.

       

      La violence

      Les études de Nicole Ybarra remettent à leur juste place les mythes qui sont construits à propos des adolescents et de l’Internet. Elle montre que si le harcèlement en ligne augmente, il reste une part très réduite du harcèlement en général : 40% des actes d’agression se font en face à face, 10% par téléphone, 14% par texto, 17% par l’Internet, et 10% par d’autres moyens.

      Le harcèlement se fait à 21% dans une seule modalité, et dans 11% dans deux modalités (par exemple en face à face et par Internet).

      Les enfants et adolescents qui sont harcelés en ligne ont davantage tendance à être harcelé hors ligne et présentent davantage de difficultés : dépression, idées suicidaires, alcoolisation, problèmes sociaux, difficultés avec les parents.

      Enfin, les enfants sont beaucoup plus préoccupés par le harcèlement en présence. L’école est encore le principal lieu de violence, par l’Internet.

      Le sexe

      Nicole Ybarra rapporte des résultats qui contredisent d’autres études qui avaient montré le contact quasi-généralisé des enfants avec la pornographie. L’étude montre qu’ils sont en contact avec la sexualité via la télévision, la musique, ou les films. Les jeux vidéo restent très puritains sur cette question : si 75% des enfants disent avoir vu des personnes s’embrasser, se caresser ou avoir des rapports sexuels, 19%  seulement ont rencontré cette situation dans les jeux vidéo et 25% sur des sites Internet. Enfin, la fréquentation des sites pornographiques augmente avec l’âge : elle est davantage le fait des adolescents que des enfants.

      Les inquiétudes quant au sexting – le fait d’envoyer des images sexuelles de quelqu’un – peuvent également être atténuées. Il est loin d’être un phénomène généralisé puisqu’il est le fait de  3% des garçons et 6% des filles âgés de 13 à 18 ans .

       

      En conclusion, il y a des usages problématiques de l’Internet mais ceux-ci sont toujours à comprendre par rapport à la situation globale de l’enfant ou de l’adolescent.

      vendredi 30 septembre 2011

      L’iPhone outil de recherche en psychologie cognitive

       

      Les smartphones vont ils devenir des outils de recherche en psychologie cognitive ?

      La psychologie cognitive étudie les grandes fonctions psychologiques comme la mémoire, l’attention, la perception, le raisonnement ou la reconnaissance des formes, Les études utilisent des dispositfs expérimentaux qui nécessitent le déplacement des sujets jusqu’au laboratoire. La collecte des données est donc relativement difficile, et porte sur de petits échantillons de personnes.

      Les téléphones portables pourraient être une solution à ce problème comme le montre une étude au cours de laquelle les sujets devaient discriminer des mots semblables. Ce type d’étude est classique en psychologie cognitive. Ce qui l’est moins, c’est l’utilisation d’iPhones et d’Ipad. La recherche a commencé en Décembre 2010 et a déjà collecté les réponses de plus de 4000 sujets. Avec les moyens classiques, il aurait fallu trois années pour arriver à la même quantité de résultats. par ailleurs, l’étude porte sur différentes langues (anglais, français, espagnol, catalan, basque, hollandais, malais)

      Selon les auteurs, ce type de recherche permettra de  mieux comprendre comment le cerveau reconnait les mots, mais ouvre également des perspectives sur des études à grande échelle sur la cognition humaines. On peut en effet facilement imaginer des études de ce type sur la mémoire ou la reconnaissance des visages qui permettrait de mieux comprendre les effets du vieillissement et des différences culturelle, ou encore des études longitudinales sur l’apprentissage de la lecture d’une cohorte d’enfants.

      Le Big Data frappe à la porte de la psychologie cognitive.

       

      Dufau S, Dunabeitia JA, Moret-Tatay C, McGonigal A, Peeters D, et al. (2011) Smart Phone, Smart Science: How the Use of Smartphones Can Revolutionize Research in Cognitive Science. PLoS ONE 6(9): e24974. doi:10.1371/journal.pone.0024974 http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0024974

      mercredi 28 septembre 2011

      Etre multitâche est un frein a la productivité

      On a beaucoup célébré les nouvelles générations comme des sortes de mutants capables de faire plusieurs choses à la fois. Le jeune adulte ou l’adolescent, bénis la grâce du numérique, seraient capables d’écouter de la musique, de faire leurs devoirs, de surveiller les messages sur MSN et Facebook en même temps.

      Les données de la psychologie montrent exactement le contraire.

      • Le multitâche fait pas gagner du temps. Il est un frein important à la productivité.
      • le temps mis à réaliser la tâche est plus long
      • la tâche comporte plus d’erreurs
      • les erreurs sont d’autant plus importantes que la tâche est complexe
      • Dans une journée, jusqu’à 40% de la productivité peuvent être perdus

       

      Meyer, D. E., Evans, J. E., Lauber, E. J., Gmeindl, L., Rubinstein, J., Junck, L., & Koeppe, R. A. (1998). The role of dorsolateral prefrontal cortex for executive cognitive processes in task switching. Journal of Cognitive Neuroscience, 1998, Vol. 10.

      Meyer, D. E., Evans, J. E., Lauber, E. J., Rubinstein, J., Gmeindl, L., Junck, L., & Koeppe, R. A. (1997). Activation of brain mechanisms for executive mental processes in cognitive task switching. Journal of Cognitive Neuroscience, 1997, Vol. 9.

      L’APA a donné un résumé des différentes études http://www.apa.org/research/action/multitask.aspx

      mardi 13 septembre 2011

      A qui appartient notre imaginaire ?

      Trouvé sur l’excellent io9.com, une infographie qui montre à qui appartiennent les droits d’auteurs des principales figures de la geek culture.

      Une des caractéristiques de notre modernité est sans doute la mainmise de quelques compagnies sur notre imaginaire Spiderman, Harry Potter ou Aragon ne sont pas seulement des personnages d’aimables histoires qui permettent à des enfants et à quelques adultes égarés de passer du temps. Ce sont de puissants artéfacts qui sont en lien profond avec nos vies inconscientes individuelles et collectives via des archétypes.

      Who Owns Our Modern Mythologies

      lundi 12 septembre 2011

      Reset: Video Games & Psychotherapy

      ML-Reset_flat-2-600

      Mike Langlois est psychothérapeute et tient le blogGamer Therapist. Il vient de publier Reset: Video Games & Psychotherapy. Le livre s’adresse à la fois aux psychothérapeutes et aux gamers. Mike Langlois s’emploie a montrer tout le bien que l’on peut tirer des jeux vidéo aux uns comme aux autres.

      Le livre est disponible en format ebook ($5.74) et devrait être bientot disponible en format papier.

      Je ferais prochainement un compte rendu du livre.

      dimanche 11 septembre 2011

      Une infographie sur les gamers français

      On a assez peu des données sur les joueurs français. L’infographie mis en ligne par Newzoo est donc bienvenue. Pour 3000 dollars vous aurez accès au rapport complet, mais peut être vous contenterez vous des quelques données suivantes : 24 millions de gamers dépensent un peu plus de 3 millions d’euros et jouent 27 million d’heures chaque jour. Pratiquement un tiers des joueurs jouent a un MMO.

      Les français dépenseraient moins d’argent que les autres gamers européens et la plupart jouent sur PC, Mac ou console. Les perspectives sont encore alléchantes pour les éditeurs puisque moins de la moitié des joueurs mettent la main au portefeuille pour jouer.  Le jeu en réseau, et sur portable occupe la moitié des joueurs.

      Le marché des jeux téléchargeable devrait progresser de 22% et les français devraient dépenser 120 millions d’euros en objets numériques pour agrémenter leurs parties sur console.

      lundi 22 août 2011

      Ouvrir un blog pour/avec un enfant

      Plusieurs solutions sont offertes. Il est possible d’ouvrir un blog sur une plateforme spécifiquement dédiée aux enfants. Les avantages tiennent au filtrage des contenus. Par exemple, Canaille Blog est réservé aux enfants de moins de 13 ans. Le pseudonymat est imposé et l’accent mis sur la nécessité de s’exprimer dans un français correct

      Pourquoi ne pas le faire ?

      Trois grandes raisons conduisent généralement les adultes a limiter l’accès a la blogosphère aux enfants.

      La première raison est que les enfants s’abrutissent devant les écrans. Il serait donc souhaitable qu’ils aillent faire autre chose que de tenir un blog.

      La seconde raison est que les enfants risquent de livrer leur intimité sur le réseau.

      La troisième est que les enfants risquent de faire de mauvaises rencontres sur le réseau.

       

       Pourquoi le faire ?

      Les enfants sont entourés d’adultes qui se servent quotidiennement du réseau pour leur travail, leurs achats, ou leur vie sociale. Il voient leurs parents mettre des photos (parfois leurs photos ) sur le réseau et les partager avec leur famille et leurs amis. Ils sont donc conduits à vouloir faire la même chose par identification. Ce mouvement ne doit pas être interdit mais accompagné.

      L’idée selon laquelle les enfants s’abrutissent devant les écrans est fausse car incomplète. C’est un usage possible des écrans, et il n’est d’ailleurs pas limité aux enfants !  Dans ce cas, il vaut mieux essayer de comprendre avec l’enfant ce qu’il essaye d’éviter de penser. En effet, la suppression des écrans l’amènerait simplement à trouver un autre moyen pour ne pas penser.

      Publier en ligne n’est pas nécessairement faire part de son intimité. Mais c’est toujours se poser des questions sur ce que l’on souhaite garder pour soi et ce que l’on souhaite rendre public. Dire que l’on est allé au cinéma et que l’on a aimé tel film, est-ce intime ou public ? Dire que l’on est malheureux du décès d’un parent et que l’on pleure tous les jours, est-ce intime ou public ? En tous cas, la forme est ici importante : il est des choses “intimes” que l’on peut dire avec délicatesse. C’est précisément une charge que nous connaissons tous : réussir à exprimer ce que l’on vit d’une manière qui soit utile à tous.

      Pour ce qui est des mauvaises rencontres, l’accompagnement des pratiques en ligne de l’enfant permet de les éviter.

      Y-a-t-il des intérêts spécifiques à tenir un blog ? Je le pense. Ils tiennent au travail psychique qui est attaché à l’écriture, au commun et au partagé.

      Ecrire en ligne, c’est d’abord écrire. Le travail d’écriture permet de préciser et d’ordonner sa pensée. L’écriture numérique a ceci de particulier qu’elle est ludique. Elle est libre de la culpabilité qui est trop souvent associée à l’écriture. Une erreur ? La touche supprimer corrigera cela. Une faute d’orthographe ? Le dictionnaire intégré fait des suggestions. Se tromper n’est pas grave : cela fait partie du processus d’apprentissage !

      L’écriture a un secret : plus on écrit, plus on écrit. L’exercice rend l’écriture de plus en plus facile et de plus en plus enrichissante. Qu’un enfant ait une expérience pleine de plaisir de de l’écriture quelque chose à valoriser. Le premier temps de blog fonctionne comme les premiers dessins. Spontanément, les enfants font des dessins qu’ils donnent à voir avec fierté à leurs parents. Ce mouvement, malheureusement, se perd du fait du formatage que les enfants vivent dans les écoles. Le blog permet de retrouver cette fierté de faire quelque chose et de le donner à voir.

      En effet, un des avantages du blog est qu’il supporte tout type de média. Ceux qui sont à l’aise avec l’écriture pourront se laisser aller à partager leurs idées sur le dernier film ou le dernier épisode de la série du moment. Mais pour ceux qui n’ont pas d’inclinaison proustienne, la mise en ligne de vidéo ou de dessins est tout aussi intéressante. Il peut s’agir de vidéo faites à la maison. Beaucoup d’enfants filment les histoires qu’ils réalisent avec leurs jouets et celles ci peuvent être mises en ligne. Il peut s’agir de dessins faits sur du papier. Il peut s’agir, enfin, d’objets directement réalisés sur un support numérique.

      L’intérêt du blog peut être partagé en deux grands domaines. C’est un prétexte et un espace social.

      Comme prétexte, il est un grand initiateur. Il ordonne le temps – “ça, je le mettrais sur le blog” – il permet de discuter de ce que l’on garde et ce que l’on partage, c’est à dire des limites du self et du social. Il permet aussi de discuter de choses qui débordent largement du blog. La vidéo d’une terrible bataille de playmobils permettra de parler des plans vu au cinéma de telle bataille, de Monte Cassino, ou de la guerre de Troie. Mais on discutera tout aussi bien d’éclairage et de profondeur de champ ou encore de codecs. L’important, c’est d’avoir une discussion qui ouvre de nouvelles perspectives à l’enfant

      Comme espace social, il permet de rencontrer d’autres personnes. Cela peut être des personnes partageant les même intérêt, comme dans les communautés de fan. L’adulte accompagnera alors l’enfant dans l’apprentissage de sa vie sociale en ligne :  pourquoi personne ne répond ? est ce important d’être lu ? comment gérer les trolls ?, etc. Il peut aussi être un espace familial étendu. Le blog est alors lieu de rencontre avec d’autres membres de la famille. On y poste se photos de vacances, on y partage ses nouvelles, on y fait connaitre ses coups de cœur. Il devient une extension des mémoires familiales et individuelles.

      Quelle plateforme choisir ?

      Le design de la plateforme est important. Il faut que l’enfant se sente à l’aise. On le laissera donc choisir cet aspect. L’adulte privilégiera plutôt le voisinage. Ce voisinage peut être celui donné par la publicité mais aussi des communautés de bloggeurs.

      L’adulte vérifiera également les possibilités : est il possible de limiter l’accès au blog à quelques personnes ? Peut-on poster à plusieurs ? Existe-t-il des fonctions communautaires ?

      Enfin, il veillera aux possibilités d’exportation. S’il faut déménager un jour, est-il possible d’exporter tout le blog dans une autre plateforme.

      Tout cela est discuté avec l’enfant. Il ne s’agit pas de lui faire un cours sur l’identité numérique et l’Internet, mais de penser avec lui des questions. Veut-il que tout le monde lise le blog ? Mais qu’est ce que “le monde” pour un enfant de 8 ans ? C’est cette notion qu’il faut qu’il se précise.

      Personnellement, je ne pense pas qu’il faille favoriser les interface “kid friendly”. Le blog est un objet d’adulte. Il est difficile à maitriser et c’est cette conquête qui pour l’enfant fait partie du plaisir du blog. Il n’y arrivera pas du premier coup, il abandonnera peut être le blog après l’avoir crée (et auquel cas, il faut le laisser faire) mais dans tous les cas, il se sera rapproché de cette chose impressionnante qui est possédée par les adultes. Il aura grandi.

      Je recommanderais donc des plateformes comme Blogger, Posterous, et Tumblr. Toutes les trois permettent de créer un blog en une minute montre en main. Ce qui est long est difficile n’est pas l’acte technique, mais le travail de pensée qui lui est associé. Les trois plate formes posent en effet une question difficile : celle de l’identité.

      La question de l’identité en ligne se pose à deux niveaux : celui de l’adresse email et ensuite celui du nom du blog. L’enfant doit avoir son adresse email. Lier l’adresse email d’un parent à celui d’un enfant est en effet une mauvaise idée car cela obligera l’enfant a accéder au mail du parent pour mettre à jour son blog. Ce n’est pas le meilleur signal a envoyer à l’enfant en termes de séparation et d’individuation. Bien entendu, on discutera des règles d’accès et d’utilisation du mail. Ma recommandation est que les parents d’accèdent pas au mail de l’enfant sans qu’il le sache ou en son absence.

       

      Et après ?

      Les plateforme offrent plusieurs solutions pour publier : formulaire, mail, widget dans le navigateur... Mais la question importante ici est de savoir si l’on accorde à l’enfant la possibilité de publier ce qu’il veut comme il le veut, ou si l’on se donne des règles. Dans ce dernier cas, il faut que l’adulte garde à l’esprit que les règles sont au service du développement de l’enfant, pas à celui du confort de l’adulte. En clair, une fois qu’une règle est prise, on la suit. Ensuite, lorsque la règle est devenue inutile du fait du développement de l’enfant, elle doit être changée – après discussion-négociation avec l’enfant, bien entendu.

      Il est souhaitable que le blog reste une activité libre. L’enfant est l’éditeur. Il choisit l’objet du blog, et est libre de le suivre ou pas. L’important n’est pas d’avoir un bon google ranking mais de faire quelque chose de plaisant.

      mercredi 29 juin 2011

      Si j’étais toi…

      -IMAGEALT-La perception peut être manipulée de façon à ce qu’une personne ne perçoive plus les limites de son corps. Elle peut alors vivre l’illusion qu’elle a changé son corps avec quelqu’un d’autre ou même avec un mannequin. L’illusion fonctionne lorsque la personne est immobile ou en mouvement mais elle ne fonctionne pas avec un objet qui n’a pas l’apparence d’un corps humain.

      Pour réaliser cette illusion, on a donné un casque 3D a deux sujets se faisant face. Lorsque les sujets se serrent la main, la vision du cobaye est celle de son vis à vis. Il se voit donc échanger une poignée de main du point de vue de l’autre. C’est à ce moment qu’il a l’illusion de changer de corps.

      L’expérience a été réalisée avec un mannequin. Un expérimentateur touche avec une baguette le ventre du cobaye et du mannequin. Le cobaye a le champ visuel du mannequin et a là aussi l’impression qu’il a changé de corps.  Par contre, l’illusion ne fonctionne pas si on remplace le mannequin par une chaise.

      Une autre expérience utilisant un dispositif similaire amenait aussi des personnes à se projeter en dehors de leurs corps. Ils étaient équipés d’un casque qui restituait l’image d’une caméra pointée vers l’arrière. Lorsque l’on touchait leur poitrine en faisant apparaitre en même temps une main dans le champ de la caméra, les personnes avaient l’impression d’être touchées mais en dehors d’elles même. Après l’expérience, les personnes localisaient l’

      En faisant correspondre les signaux perceptifs et cutanés à l’intérieur du champ visuel d’une autre personne, il nous est possible de vivre l’illusion l’expérience de posséder son corps.

       

      pdf-file-logo-icon (1)[4]If I were you: perceptual illusion of body swapping. PLoS One 2008;3(12):e3832. Epub 2008 Dec http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19050755?dopt=AbstractPlus

      lundi 27 juin 2011

      Les hommes prennent plus de risques devant des femmes…. même virtuelles

      -IMAGEALT-

      Par certains aspects, la psychologie masculine est extrêmement prévisible. Chacun a pu constater à quelque point le comportement des hommes est modifié lorsqu’ils sont sous le regard de femmes. Les hommes ont tendance a en faire un peu plus voire même un peu trop dès que le public se féminise. Par exemple, les hommes traversent plus volontiers lorsqu’ils se savent regardés par des femmes. Ils ont donc tendance à prendre davantage de risques. A contrario, les hommes ont plus tendance à attacher leur ceinture lorsqu’ils sont avec des hommes que lorsqu’ils sont avec des femmes. L’interprétation classique est que dans l’idée des hommes, les femmes sont impressionnées par leur capacité à prendre des risques. Ils auront tendance à se protéger davantage lorsqu’ils sont en présence de rivaux potentiels.

      Ce comportement a été mis en évidence dans un environnement virtuel. Des sujets étaient équipés d’un casque virtuel. Ils se retrouvaient alors devant un pont suspendu délabré. L’état du pont, et sa hauteur vertigineuse  invitaient à la plus grande prudence. Et effectivement, les sujets ne s’y engageaient qu’après une longue hésitation. Ils faisaient preuve de la plus grande prudence prudence, testant longuement chaque planche avant de faire un pas de plus.

      Lorsqu’ils étaient placés sous le regard d’un avatar féminin se trouvant de l’autre coté du pont, le franchissement était beaucoup plus rapide.

      En ligne comme hors ligne, les femmes font prendre des risques aux hommes. Il faudrait vérifier si cela marche aussi dans les MMO : est ce que les avatars masculins prennent plus de risque dès lors qu’il y a dans le groupe des avatars féminin ?

      mardi 21 juin 2011

      La vue subjective renforce l’impression de réalité

      Une des grandes révolutions du jeu vidéo a été de pouvoir proposer une vue subjective en première personne. Le cinéma nous avait déjà préparé avec des plans dans lesquels les choses étaient vues “à la place de”. Le spectateur voyait alors la scène par les yeux d’un des personnages, le plus souvent un agresseur, ce qui augmentait grandement les émotions et le sentiment d’immersion.

      Cette perspective est devenue possible autour du jeu DOOM (ID Sofware, 1993) qui a été le premier a proposer une vision subjective donnant ainsi naissance a un nouveau genre : les  first person shooters.

      Mais l’idée selon laquelle la vision subjective provoque plus d’immersion est elle valide ? Si l’on en croit une expérience réalisée avec un environnement virtuel, c’est le cas.

      Le dispositif expérimental est le suivant : des hommes sont équipés d’un casque virtuel. Ils voient une mère secouer sa fille par les épaules puis la gifler. Les sujets sont eux même secoués par les épaules par des assistants.

      Au moment de la gifle, ils présentent des réactions émotionnelles importantes.  Leurs réactions sont moins vives lorsque le point de vue n’est pas en première personne mais en troisième personne. Par ailleurs, ceux qui ont eu les réactions physiologiques les plus importantes sont aussi ceux qui ont eu le plus fort sentiment d’habiter l’avatar.

      Pour les auteurs de l’étude, cela montre d’une part que les sujets de l’étude se sont approprié le corps virtuel de la fillette et d’autre part que cette appropriation est facilité par la vision subjective.

      samedi 18 juin 2011

      Les travailleurs sociaux ont ils droit aux réseaux sociaux ?

      Les réseaux sociaux ont bouleversé les paysages numériques.  Ils les ont rendu moins virtuels, et plus réels. L’internet n’est plus une destination lointaine, il est a portée de doigts, dans nos téléphones et sur nos tablettes.

      Ils permettent d’agréger des foules ou des communautés à partir d’un dénominateur commun. Dans la vie de tous les jours, ils rendent des services que l’on ne peut pas trouver ailleurs. Ils sont des lieux de détente et des espaces de recherche, quoi que cette recherche puisse concerner. Les réseaux sociaux ont transformé nos vies en d’immenses silos d’information.

      Sur Facebook, Twitter, Flickr, Youtube, Foursquare, des vies s’écrivent, en mots, en images, en films. en localisation. Les les de voeux sur Amazon disent les gouts de lecture, les objets que l’on aime, les films que l’on regarde. Les projets et les destinations de voyage se lisent sur Tripatini

      La facilité avec laquelle les contenus peuvent être mis en ligne et partagé participe grandement du succès des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux ont en retour modifié la perception que nous avons du cyberespace. Auparavant, il était une destination lointaine réservée à quelques aventuriers excentriques. Aujourd’hui, il est plutôt un entourage de nos vies professionnelles et personnelles.

      Pour les travailleurs sociaux, cela pose sinon des difficultés, du moins des questions. Une partie de la formation et du travail des travailleurs sociaux consiste à différencier les questions privées et les questions professionnelles.  Un éducateur, un psychologue, ou  un assistant social ne fait pas part de ses positions politiques, religieuses ou de ses préférences sexuelles. Il prend garde à ce que ses positions n’interviennent pas dans son travail. Cette réserve lui permet de se mettre au service des personnes avec lesquelles il travaille. Le but de cette réserve  est de ne pas gêner le client du fait de ses opinions ou de ses goûts personnels.

      Pourtant, les opinions politiques, religieuses et les préférence sexuelles de chacun peuvent être reconstruites à partir d’un profil Facebook. Même si la personne renseigne pas les champs de son profil, les personnes, les favoris et les pages avec lesquelles elle est liées en disent beaucoup.

      C’est précisément la différence entre ce que l’on garde par devers soi au travail et ce que l’on partage avec d’autres dans sa vie privée  que les réseaux sociaux ont tendance à diminuer, voire même à effacer complètement.  Les réseaux sociaux posent un problème nouveau aux travailleurs sociaux et à leurs institutions professionnelles. Pour la première fois, le cadre de travail sur lequel les travailleurs sociaux s’accordent est remis en cause par le mouvement de société.

      Comment faire pour maintenir ces cadres de travail tout en restant dans le mouvement du monde. Il ne s’agit pas en effet de renoncer à la réserve dont les travailleurs doivent faire preuve. Il ne s’agit pas non plus de renoncer au cyberespace. Il s’agit de travailler avec cette nouvelle donne. Il s’agit d’être présent sur le réseau d’une manière qui ne fasse pas obstacle au travail.

      La voie du Ninja.

      Une première solution consiste à disparaitre comme personne privée du réseau. Certains travailleurs sociaux ne sont pas présents sur Facebook pour cette raison. D’autres utilisent Facebook avec des profils fermés. Cela nécessite cependant une connaissance suffisante du réseau social et une attention soutenu aux modification des conditions d’utilisation. L’expérience montre que Facebook ouvre de plus en plus les profils au monde extérieur et il n’y a pas de raison que cette tendance cesse.

      L’utilisation d’un pseudonyme peut rendre des services. Dans ce cas, la personne utilisera un ou plusieurs pseudonymes sur l’Internet Mais il faut se rappeler que le pseudonymat sur Internet est toujours relatif. L’identité en ligne a plusieurs composantes (le nom, l’email, l’adresse I.P., les avatars, les personnes et objets liés) et en faisant des recoupements il est possible de faire correspondre différentes identités en ligne. .

      Il est possible d’utiliser un pseudo. Mais le pseudonymat sur Internet n’est que relatif. Par ailleurs, le pseudonyme étant choisi, il est porteur d'informations personnelles. Cela est tout autant vrai pour les avatars et les adresses emails. Découvrir que son psychiatre s’appelle Casimir sur un forum peut être attendrissant ou effrayant, ou tout ce que l’on voudra, mais il est évident que cela jouera un rôle dans la relation psychothérapeutique

      L’utilisation de pseudonymes pose un autre problème. Il raréfie la présence des travailleurs sociaux et rend difficile le repérage des professionnels. Sur Internet, tout le monde peut être un travailleur social. Si en France les titres de psychologue et de psychothérapeute sont cadrés par la loi, tout le monde peut se dire coach, éducateur, ou assistant social. On en arrive à un traitement wikipedien de difficultés personnelles que certains apportent en ligne : les avis de tous se superposent et se valent

      Chevaucher le dragon.

      L’autre solution est de chevaucher le dragon. Dans cette perspective, les réseaux sociaux seront utilisés d’une manière professionnelle. 

      Le plus simple est de faire comme nous avons fait avec le téléphone. Nous avons tous un numéro professionnel et un numéro personnel. La convention veut que les clients nous joignent sur notre numéro de téléphone professionnel. Il arrive qu’il y ait quelques débordements ou confusions, mais ce moyen de communication est tellement intégré dans les pratiques des travailleurs sociaux que ces problèmes sont à la fois vite repérés et traités.

      De la même façon, il est possible d’avoir en ligne une identité professionnelle et une identité personnelle. L’identité professionnelle lie la personne à une institution. Par exemple, son adresse email pointera sur le nom de domaine de l’institution dans laquelle il travaille. Le nom de domaine cadre le type d’échanges que l’on va avoir. La lecture de d’une adresse email donne toujours au moins deux types de renseignements. Le premier est le nom par lequel la personne souhaite être appellée. Le second type de renseignement est donné par son domaine de rattachement.

      On évitera alors les adresses fantaisistes et l’on optera pour un simple état-civil. Le prénom et le nom sont amplement suffisants puisque c’est à M. ou Mme Untel que les clients s’adressent. Il est possible d’adjoindre la profession, par exemple jean.untel-psychologue@ime.villex.fr . Idéalement, le nom de domaine renseigne sur l’institution de rattachement. Ici, on comprend que jean.untel travaille comme psychologue dans l’Institut Educatif de la ville x. Cela signifie que l’institution garantit que la personne est bien psychologue. Cela signifie aussi que lorsque la personne utilise cette adresse email, elle engage le lien qu’elle a avec son institution. Signer une pétition avec cette adresse, par exemple, n’est pas recommandé puisqu’elle engage à la fois l’individu Jean Untel et son institution l’Institut Médico Educatif de la ville X.

      Il revient ici aux institutions de faire le travail nécessaire pour donner à leurs employés la possibilité d’une présence professionnelle en ligne.  Cela passe par des comptes email pour chaque employés, mais aussi des formulaires en ligne qui permettent à tout internaute d’entrer en contact avec un travailleur social. Rencontrer un assistant social et ne pas pouvoir lui écrire un mail est une expérience qui devient de plus en plus étrange.

      Il est possible de faire plus encore que de se donner une carte de visite.  L’intérêt du Web 2.0 et des réseaux sociaux est de permettre de partager dynamiquement des informations. L’Internet est devenu tellement grand qu’il peut être difficile devant une information de savoir si elle est pertinente ou pas.

      Par exemple, un Educateur Jeune Enfant pourra utiliser les listes de lecture d’Amazon pour signaler des livres intéressants sur le sevrage ou la grossesse. Une filmographie établie sur Gomiso pourra traiter de la situation des femmes tandis que les favoris de Foursquare indiqueront dans la ville les lieux utiles à une femme seule avec un enfant.

       

      Etre sur le réseau professionnellement comporte plus d’avantages que d’inconvénients. Les bénéfices vont à la fois au réseau, c’est à dire pour une part aux clients,  et aux professionnels. D’un coté, l’information disponible sur les sujets traités par les travailleurs sociaux  sur l’Internet est de meilleure qualité puisqu’elle est cultivée par des professionnels. De l’autre, les travailleurs sociaux constitue une identité en ligne qui protège leur vie privée.

       

      Crédit photo : Michel Ange, La tentation d’Adam et Eve

       

      mercredi 8 juin 2011

      Sur Internet les foules ne sont plus sages

      Sur Internet, les foules ne sont plus sages. Une expérience de psychologie sociale porte un coup à ce qui était un dogme du Web 2.0

      L’expression “La sagesse des foules” a été remise au gout du jour par James Surrowieki qui montre que les grands groupes sont plus compétents que quelques experts pour résoudre des problèmes, innover ou prendre des décisions intelligentes.

      L’expression, bien qu’ancienne, a frappé les esprits parce qu’elle s’oppose à une constatation évidente. Qui a vu une foule de supporter de football a bien du mal a lui donner la moindre once de sagesse. Elle remettait également en cause toute une série d’expérience que la psychologie sociale a mené sur les processus groupaux au sortir de la seconde guerre mondiale jusque dans les années 1970

      Ainsi, avec la “sagesse des foules”, la culture technique rejoignait une observation faite sur un marché anglais a début du 19ième siècle par Galton. Mieux, ce que la culture avait de plus en pointe était porté par les idées libérales de la main invisible. Curieux retournement d’un espace qui pour une partie a été porté par les idéaux et l’imaginaire de la contre-culture américaine des années 60-70

      Wikipédia ? La sagesse des foules ! Facebook ? La sagesse des foules ? Twitter ? La sagesse des foules ! Les choses devenaient claires, et l’on pouvait faire du commerce.

       

      Une expérience a montré que cette sagesse des foules était remise en cause dès lors que le groupe était soumis à de l’influence sociale et ce dans les taches les plus simples. Dans l’expérience, les sujets doivent reconsidérer leur réponse après avoir reçu une information plus ou moins complète sur les réponses des autres.

      La “sagesse des foules” est altérée par trois effets différents.  L’influence sociale diminue la diversité des réponses. L’effet de réduction de la fourchette déplace la position de la vérité vers la périphérie. Enfin, l’effet de confiance rend les individus hyper confiants quant à leur estimation.

       

      pdf-file-logo-icon (1)

      How social influence can undermine the wisdom of crowd effect Jan Lorenza, Heiko Rauhutb, Frank Schweitzera, and Dirk Helbingb

       

       

      En bonus, le premier chapitre de La sagesse des foules de James Surrowieki

      mercredi 18 mai 2011

      L’internet vu par les psychothérapeutes

      Vint Cerf playing Spacewar on PDP-1 

      Le portail Cairn.info regroupe façon pratiquement exhaustive les publications francophones en sciences humaines et sociale. On y trouve les revues phares dans lesquelles les psychothérapeutes élaborent leurs théories et discutent de leurs pratiques donc un bon poste d’observation pour comprendre ils se sont emparés de l’Internet et les questions qu’ils se posent au sujet du réseau

      Une requête avec les mots clé « psychothérapie » et « internet » renvoie 752 articles que l’on peut ranger dans trois catégories.

      Dans leur très grande majorité, le mot Internet est utilisé à dans des expression comme « le site internet ». L’auteur renvoie alors à une ressource qui se trouve en ligne, et le réseau n’est pas l’objet de la discussion. Dans une seconde série d’articles, l’internet est associé à un contexte négatif. Il est alors fait référence à « l’addiction à l’internet et aux jeux vidéo ». Enfin, une troisième série d’article examine les liens possible entre la psychothérapie et le réseau.

      Jacqueline Poulain-Colombier (2000) est assez enthousiaste : « L’e-psychanalyse met au service de la tradition de correspondances des psychanalystes des moyens techniquement remarquables et qui vont faciliter considérablement le traitement de leurs archives » L’Internet pourrait donc jouer le même rôle que la correspondance entre Sigmund Freud et Wilhem Fliess a pu jouer dans la naissance de la psychanalyse

      Jacqueline Poulain-Colombier Le Mouvement psychanalytique, Revue des revues freudiennes, Paris, L’Harmattan, vol. III, n°1,2000, p. 89.

      Yann Diener note que l’Internet a déjà joué un rôle dans la crise majeure qui a secoué l’Ecole de la Cause Freudienne en 1998. Les abonnés des différentes listes de diffusion ont pu voir passer des courriels enflammés des uns et des autres relatant par le menu le conflit qui les opposait : « L’Interneta déjà participé à d’autres mouvements dans les institutions analytiques, en particulier lors de la crise à l’École de la cause freudienne qui s’est jouée sur le Net en 1998 et qui a donné le jour à une nouvelle association, les Forums du champ lacanien »

      Yann Diener « La poubellication à l'âge de l'Internet », Essaim 1/2001 (no7), p. 121-127.
      URL : www.cairn.info/revue-essaim-2001-1-page-121.htm.
      DOI : 10.3917/ess.007.0121.

      Il note également que les psychanalystes ont profité des fonctions de publication du réseau en offrant à des textes une adresse toute particulière :

      « par le brouillage de la limite entre privé et public qu’il occasionne, il a fonctionné comme adresse temporaire pour ces textes, permettant une disjonction entre l’auteur et le contenu de son texte. Ce qui permet de penser qu’utilisé activement, le Net pourrait participer à la réflexion sur les institutions analytiques et sur le passage du discours de l’analyste en intension au discours de l’analysant en extension »

      Yann Diener « La poubellication à l'âge de l'Internet », Essaim 1/2001 (no7), p. 121-127.
      URL : www.cairn.info/revue-essaim-2001-1-page-121.htm.
      DOI : 10.3917/ess.007.0121.

      Même s’il met beaucoup l’accent sur l’écriture de textes non signés, qui est une tradition lacanienne que tous les psychanalystes ne partagent pas, Yann Diener avance des questions sur la transmission de la psychanalyse. « Le Net ne sera-t-il qu’un outil de plus pour aider les psychanalystes à se rencontrer, à échanger des articles ou des programmes de colloques, comme c’est déjà le cas, ou bien participera-t-il à l’invention de nouvelles règles pour maintenir ouverte la question de la transmission de la psychanalyse ?  Il ne pourra devenir une partie du dispositif de transmission que si sa spécificité est utilisée. Une des originalités de l’Internetest de rendre aisée la publication de textes non signés, ce qui pourrait donner un autre rapport à la production de travaux cliniques. S’il est difficile de parler d’un cas, c’est en partie parce que le clinicien s’y trouve exposé. Or il est difficile de ne pas signer un écrit dans une revue ou un livre. »

      Yann Diener « La poubellication à l'âge de l'Internet », Essaim 1/2001 (no7), p. 121-127.
      URL : www.cairn.info/revue-essaim-2001-1-page-121.htm.
      DOI : 10.3917/ess.007.0121.

      La question est en effet d’importance : Comment, au 21e siècle, avec un dispostif tel que l’Internet, est ce que la psychanalyse se transmet ? Comment se transmet-elle dans l’espace public ? Et comment se transmet elle de psychanalyste à psychanalyste ? Dans quelle mesure est ce que l’Internet influe sur ce processus ?

      Jocelyn Troccaz (2001) examine trois situations de soin : la chirurgie, l’utilisation de la réalité virtuelle pour phobiques et grands brûlés et la cyberthérapie. Elle note que l’ordinateur assiste le chirurgien en augmentant la réalité soit en donnant à voir des structures anatomiques, soit en lui faisant sentir une trajectoire à suivre ou une zone à ne pas dépassé. Pour les phobiques, la réalité virtuelle permet de produire de façon contrôlée une réaction émotionnelle. Enfin, les cyberthérapies mettent en jeu un virtuel « d’un ordre tout à fait différent : ce virtuel se place au niveau purement subjectif; le sujet part à la rencontre d’un “autre virtuel” qu’il construit sur la base d’éléments réels extrêmement limités par le type et la forme de communication intersubjective induite par l’ordinateur. La représentation n’est plus le fait d’une construction par l’ordinateur mais est celle du sujet; l’ordinateur ne fait que faciliter cette construction. »

      Jocelyne Troccaz « L'ordinateur dans la pratique de soins : de la chirurgie au soin psychologique assistés par ordinateur », Champ psychosomatique 2/2001 (no 22), p. 11-24.
      URL : www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2001-2-page-11.htm.
      DOI : 10.3917/cpsy.022.0011.

      Pour Henri Maldiney (2001), la communication sur Internet n’est pas une vraie communication :

      Tous les procédés techniques de communication confondent insidieusement communication et information : il y a un émetteur, un message, un récepteur. Mais la véritable communication est transformatrice. Ce ne sont pas Internetou les téléphones portables qui définissent la véritable communication. Ce ne sont pas non plus les médias, qui pourtant s’en arrogent le titre : ils veulent être des médiateurs, mais ne sont, au sens le plus vulgaire, que des entremetteurs.
      Henri Maldiney « L'homme dans la psychiatrie », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe 1/2001 (no 36), p. 31-46.
      URL : www.cairn.info/revue-de-psychotherapie-psychanalytique-de-groupe-2001-1-page-31.htm.
      DOI : 10.3917/rppg.036.0031.

      En 2003, Lise Demailly, une habituée des listes de diffusion de psychanalyse, dresse un paysage de l’Internet francophone des professions de santé. Elle reprend l’idée communément développée sur ces listes et par le conseil de l’ordre des médecins : « la « consultation » sur internetest « à ce jour difficilement admissible en France », et passible de condamnations pour médecine à distance. »

      Bernard Convert et Lise Demailly « Internet et les professions de sante », Réseaux 4/2003 (no 120), p. 241-269.
      URL : www.cairn.info/revue-reseaux-2003-4-page-241.htm.
      DOI : 10.3917/res.120.0241.

      Sylvie Craipeau et Bernard Seys (2005) regrettent « le discours culpabilisant concernant l’usage des jeux vidéo. Vecteurs d’addiction et de comportement violent, les jeux vidéo et Internetseraient vecteurs de psychopathologie. Nous montrerons que ce discours est, sur le fond, technophobe et que les usages « souffrants » des jeux vidéo et sur Internetsont plus liés à un déplacement sur ces objets de symptômes déjà existants. En fait, les jeux sur Internetrelèvent d’une nouvelle forme culturelle qu’ils contribuent à développer. Celle-ci s’inscrit dans des formes de sociabilité, une relation au corps et à l’autre, à l’intimité, qui se transforment.”

      Sylvie Craipeau et Bertrand Seys « Jeux et Internet : quelques enjeux psychologiques et sociaux », Psychotropes 2/2005 (vol. 11), p. 101-127. URL : www.cairn.info/revue-psychotropes-2005-2-page-101.htm. DOI : 10.3917/psyt.112.0101.

      Mar c Valleur fait rentrer l’addiction aux jeux vidéo dans son modèle dépendance / ordalie. Pour Marc Valleur, les addiction sont des entités à deux faces. L’un est désubjectivante tandis que l’autre est une quête de sens « La transgression et la conduite ordalique, qui correspondent au versant le plus risqué et le plus actif des addictions, s’opposent à leur autre versant de dépendance, qui est recherche d’oubli de soi, de refuge, de répétition »

      Marc Valleur « A propos des addictions sans drogue », Etudes 10/2007 (Tome 407), p. 331-342.
      URL : www.cairn.info/revue-etudes-2007-10-page-331.htm.

      Anne Roux rapporte un cas clinique dans lequel une psychothérapie a été précédée d’une psychothérapie en ligne. Le texte sert surtout à réaffirmer ce que la psychothérapie en face à face à d’irremplaçable.

      Anne Roux« La e-psychothérapie est elle possible ? » Champ psychosomatique 2006/3 (n° 43)

      Hubert Lisandre et Geoffroy Willo(2007) examinent en quoi les avatars utilisés en ligne sont des doubles de soi et comment ils engagent les symbolisations sensori-motrice, imagées et verbales.

      L’avatar peut «  incarner un fragment de soi, un personnage qu’on a connu, admiré ou redouté, voire quelqu’un qu’on a imaginé à partir de récits entendus ou d’une légende familiale » L’exploration des avatars utilisés par un patient peut être « un moment essentiel d’une psychothérapie » Les auteurs appellent les psychothérapeutes à mieux prendre en compte ce nouvel environnement non-humain qu’est l’Internet.

      Hubert Lisandre et Geoffroy Willo « Virtuellement vôtre les sites de rencontre », Le Carnet PSY 8/2007 (n° 121), p. 39-41.
      URL : www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2007-8-page-39.htm.
      DOI : 10.3917/lcp.121.0039.

      Dans « Psychothérapies en ligne – histoire, questions éthiques, processus » (2008) Yann Leroux examine la façon dont les psychothérapeutes ont intégré l’Internet dans leurs pratiques et regrette le peu d’intérêt que les francophones semblent manifester pour ces questions.

      Yann Leroux «Psychothérapies en ligne – histoire, questions éthiques, processus », Psychothérapies 2008/3 (Vol. 28)

       

      On note clairement un effet millenium. Autour des années 2000, des psychothérapeutes s’intéressent à la manière dont l’Internet peut modifier leurs pratiques, qu’il s’agisse des pratiques individuelles ou des pratiques cliniques. Ce même mouvement a existé chez les psychothérapeutes anglo-saxons et les a conduit a formaliser les pratiques cliniques en ligne d’abord dans le cadre de l’ISMHO (http://www.ismho.org) puis dans le cadre d’associations professionnelles. En France, la question a été traité différemment. Curieusement, la question des articulations possible entre la psychothérapie et le réseau a surtouté été relevée par des non-thérapeutes. L’enthousiasme de départ a laissé place à des inquiétudes et à des discours dévalorisant l’Internet. Du coté des psychothérapeutes, le silence qui s’est installé est d’autant plus étonnant que les pratiques en ligne se multiplient dans le même temps

       

       

      Crédit Photo :  Vint Cerf playing Spacewar on PDP-1 par Joi

      mercredi 11 mai 2011

      Les 7 étapes de la haine dans les groupes

      John R. Schaffer et Joe Navarro ont donné un modèle en sept étapes des groupes haineux qui permet de mieux comprendre comment se met en place le harcèlement.

      Shaffer et Navarro travaillent au FBI. Il se basent sur une étude de groupes de skinhead qui a fait émerger des éléments spécifiques. Il s’agit de jeunes blancs âgés de 14 à 24 ans, élevés généralement dans une famille monoparentale et ou dysfonctionnelle. Mais la clé de ces groupes est qu’ils sont composés de personnes profondément insécures.

      Plus une personne est insécure, plus elle a de chance de s’appuyer sur la haine de l’autre pour masquer ses propres angoisses. La haine est en effet un ciment extrêmement efficace : elle est un sentiment universel, elle procure des émotions extrêmement fortes, et elle lie d’autant plus étroitement un groupe que chacun craint d’être l’objet de a haine de tous les autres. Agresser un autre, extérieur au groupe, c’est l’assurance de ne pas être agressé par le groupe.

      Ce modèle prend en compte comment les groupes  haineux se définissent, comment ils désignent leur victime, comment ils la provoquent et finalement l’agressent. Leur modèle est basé sur l’insécurité : “toutes les personnes insécures ne sont pas haineuses, mais toutes les personnes haineuses sont insécures”. Il font remarquer que la haine peut être rationnelle ou irrationnel, mais que les groupes haineux privilégient l’irrationalité.

      Le modèle donne les 7 stades suivants :

      Stade 1. Les personnes haineuses se rassemblent

      La haine est rarement vécue dans la solitude. Les personnes haineuse haïssent en commun. La haine vécue en commun est un soutien de l’estime de soi. Elle empêche les mouvements introspectifs qui permettraient de critiquer l’irrationalité de la haine. La situation groupale donne un anonymat protecteur et diminue le sentiment de responsabilité

      Stade 2. Le groupe haineux se défini .

      Des symboles, des rituels, et des mythologies servent à dévaloriser l’objet haï et à augmenter l’estime de soi des membres du groupe.  Les symboles utilisés vont des vêtements à des signes secrets par lesquels les membres du groupe se reconnaissent. Les mythologies explicitent  pourquoi l’objet doit être haï.

      Stade 3. Le groupe haineux dénigre une cible.

      En rabaissant l’objet de leur haine, les membres du groupe augmentent leur image de soi et leur statut dans le groupe. Les membres du groupe se livrent à une escalade dans les manifestations de haine pour  montrer à quel point ils sont attaché dans le groupe et pour se différencier dans le groupe.

      Stade 4. Le groupe haineux provoque une cible.

      L’escalade donne lieu a un premier passage à l’acte. Le groupe provoque verbalement une cible. Des insultes sont proférées, et des geste offensant exécutés. Des graffitis peuvent apparaitre dans l’environnement de la victime. Le groupe proclame la possession de territoires a proximité de (ou appartenant à)la victime, ou

      Stade 5. Le groupe haineux attaque la cible.

      Un nouveau degré est franchi : des coups sont portés. Les attaques ne sont plus verbales, elles sont agies. Le groupe exécute des rondes à la recherche de cibles. La violence soude le groupe tout en l’isolant du reste de la société. Plus la violence est grande, plus l’isolement est grand, plus le groupe est soudé, plus le groupe recours à la violence pour assurer à ses membres une estime de soi et une sécurité suffisante.

      Stade 6. Le groupe utilise des armes contre la cible

      Le groupe s’équipe d’armes et les utilise contre la cible. Les armes blanches sont préférées pour le contact immédiat avec cible. Elles nécessitent la mise en jeu d’une très grande violence tout en restant dans un contact maximum avec la cible.

      Stade 7. Le groupe détruit la cible.

      La destruction de la cible donne un sentiment de toute puissance aux membres du groupe. L’estime de soi est renforcées à un très grand niveau. Mais cette augmentation est fictive, car elle n’est pas conforme aux idéaux de la société.

       

      Le modèle en 7 étapes de la haine à l’école ou au travail.

      Le modèle a été construit à partir des groupes de skinheads, mais il est tout à fait utilisable dans le contexte du harcèlement au travail ou à l’école. La destruction de la cible est symbolique. Elle n’en est pas moins réelle.

      Au travail ou à l’école, une personne vivant à l’encontre d’une autre un sentiment haineux aura tendance à chercher d’autres personnes avec qui partager ce sentiment (Stade 1). Le groupe adopte des symboles et des comportements qui le définissent. On se tait à l’approche de la cible, on utilise des mots-clés pour parler d’elle en sa présence, on l’isole des activités du groupe (Stade 2). Les personnes dénigrent ensemble la cible (Stade 3) Puis la cible est ouvertement insultée, directement ou par des réflexions faites à haute voix (Stade 4) Des inscriptions sont faites sur le bureau de la cible, ses affaires sont abimées ou détruites, des images photoshoppées la montrent tuée. (Stade 5) La réputation  de la cible est attaquée au travers de rumeurs et de d’insinuations lancées par le groupe (Stade 6). L’environnement de la cible devient invivable (Stade 7).

      En France, des Assises Nationales sur le harcèlement à l’école ont été suivies par une campagne de sensibilisation sur la violence scolaire. Le phénomène n’est pas nouveau. On le trouve déjà sous la plume de Gustave Flaubert :

      Je fus au collège dès l'âge de dix ans et j'y contractai de bonne heure une profonde aversion pour les hommes, - cette société d'enfants est aussi cruelle pour ses victimes que l'autre petite société - celle des hommes.” Gustave Flaubert. Mémoires d’un fou

      D’autres exemples du harcèlement scolaire dans la littérature

      Les réseaux sociaux donnent a la haine de nouveaux terrains d’expression. La haine se poursuit dans le cyberespace, et permet de toucher la cible ou qu’elle se trouve. Les sites de réseaux sociaux permettent de trouver rapidement des personnes ayant un objet de haine commun (Stade 1), d’utiliser des symboles comme des hastag ou des images de profil pour se reconnaitre (stade 2), dénigrer la cible sur le réseaux (stade 3). Le réseau social est ensuite utilisé pour insulter la cible (stade 4). Au stade suivant (Stade 5) son espace numérique est attaqué (vol d’identité, et diffusion d’éléments personnels sont caractéristiques). La réputation de la cible est attaquée par des campagnes de diffamation (stade 6) et la cible finit par quitter le réseau social ou l’internet (stade 7)

       

      L’intérêt de ce modèle est qu’il donne une représentation de ce qui se passe et de ce qui risque d’arriver.  Plus l’intervention se fait en amont dans le modèle, plus elle est efficace. La cible n’a pas eu à souffrir de dommages parfois irréversibles, et les la haine n’a pas eu le temps de souder des identités dans un groupe.

      Des graffitis haineux sur une table ou des messages provocateurs sur le mur facebook d’un enfant ne sont pas des choses bénignes. Ce sont des signes à prendre au sérieux, et à traiter rapidement afin que les choses n’aillent pas plus loin.

      samedi 7 mai 2011

      Facebook et le travail psychosocial

      Il est étonnant de constater avec les lenteurs lesquelles les institutions éducatives et psychosociales s’installent sur le réseau Internet. Alors que dans la société française, le taux d’équipement passe le cap de 100% pour la téléphonie mobile et que les français sonts hautement connectés (71,3 % des Français ont internet à la maison) les institutions qui les soignent et qui soignent leurs enfants sont encore majoritairement absentes de l’Internet. Cette lenteur est principalement due à des préjugés et des méconnaissances concernant le réseau. Pourtant, les institutions éducatives et psychosociales ont tout à gagner à être sur le réseau.

       

      Facebook permet de diffuser des documents en lien avec le travail psychosocial. L’institution peut se servir de Facebook pour se présenter, mais elle peut aussi tirer des bénéfices importants des aspects dynamique du réseau social.

      Elle peut présenter des ressources en lien avec l’institution, le travail qui y est fait,  et la population qu’elle y accueille. Elle fera alors un travail de pédagogie et de décodage en direction du public. Elle peut par exemple faire une veille législative sur le secteur qui la concerne. Cela permettra a ses usagers d’être au fait de leurs droits, et de bénéficier d’une bonne source d’information. Le compte Facebook lui permettra également de bénéficier d’une voie montante. Un compte Facebook donne la parole aux autres. Il permet de faire ce qui est en première page de tous les projets des institutions psycho-sociales : entendre la parole de l’autre; en tenir compte. C’est précisément ce que permet de faire Facebook  : les murs sont des espaces d’accueils de l’autre, de ses idées, de ses émotions, de ses souvenirs.

      L’institution peut présenter sur Facebook son projet institutionnel. La présentation ne sera pas celle en majesté que l’on trouve sur les sites web  d’établissements psychosociaux et de soin. Elle sera une présentation habitée et suivie. Le projet institutionnel est présenté pas à pas, c’est-à-dire que sont annoncés et discutés les difficultés, les errements, les impasses mais aussi les succès, les inattendus heureux et les adéquations que rencontre tout projet institutionnel.

      Facebook peut être utilisé comme une plate-forme, c’est à dire comme un carrefour qui reçoit et distribue des documents en lien avec une activité.  Les prises en charge (psychomotricité, pédagogie, éducation, psychothérapies…) ainsi que les professions qui les mettent en œuvre peuvent s’y présenter. Des questions sur les prises en charge pourront trouver là des réponses. Certaines questions sont en effet suffisamment générales pour pouvoir trouver une réponse publique. Les autres questions peuvent être traitées dans des groupes fermés, et certaines questions ne seront jamais traitées en ligne. Le compte peut être utilisé pour faire connaitre les livres, les films, les émissions qui parlent d’un sujet qui intéresse l’institution. Il peut aussi être le lieu ou se prépare puis se poursuit une rencontre qui a été faire dans l’institution. Cela permet à ceux qui ne peuvent pas se déplacer de garder un lien avec ce qui se fait dans l’institution.

      Il peut s’agit d’une page ou d’un groupe Facebook. La principale différence est que les permettent des contrôles d’accès plus fin.  Il peut être intéressant de limiter l’accès au compte Facebook d’une institution à ceux qui la fréquentent. Cela peut aussi être un élément du projet institutionnel que d’ouvrir l’institution au monde extérieur. Dans ce cas, une page sera plus appropriée.

      Un compte Facebook peut être utilisé pour suivre un projet particulier. Par exemple, la sortie des enfants d’un IME ou un groupe de chômeurs peuvent utiliser le dispositif pour préparer leurs activités, rendre compte de son avancement, et en tirer des conclusions. Le compte renforce la cohésion du groupe par les interactions qui se produisent en ligne.

      Un compte Facebook peut être le journal d’une activité, d’un groupe, ou d’une institution. Il sera le lieu de contact avec l’extérieur. Lorsque l’institution prend en charge des enfants, cela est particulièrement utile. Les parents peuvent être ainsi facilement intégrés aux activités de leurs enfants tout en restant à l’extérieur. Ils sont dedans et dehors. Du coté de l’institution, cela permet de faire vivre les parents : “que va-t-on raconter aux parents de cet projet ?”. Lorsque l’institution prend en charge des adulte, c’est le lien avec l’extérieur comme public qui va être important :  quelle image est ce que les autres ont de nous ? Que savent-ils, qu’imaginent-ils de nos vies ? de nos difficultés ? de nos bonheurs ?

      Trois effets positifs

      Un compte Facebook a pour une institution psychosociale, de soin, ou éducative au moins trois effets positifs.

      C’est un dispositif de formation. Il permet aux institutions et à ses membres de se former aux dynamiques de l’Internet, d’en comprendre le fonctionnement, et de se départir des préjugés qui jusqu’à présent les retiennent loin de l’Internet

      Il ouvre sur le monde. Facebook n’est pas une fenêtre du monde. C’est le monde. La culture bat dans Facebook. C’est un espace avec lequel il faut compter. Comment peut on faire un travail de réinsertion et être désinséré de ce qui fait lien pour tant de personnes

      Il donne à comprendre le travail qui est effectué dans l’institution. Le travail éducatif est un travail subtil. Les accompagnements se sont sur des détails de la vie de tous les jours qui peuvent être difficile à saisir de l’extérieur. Les parents saisissent parfois mal le travail qui est effectué avec leur enfant. Ils font confiance, ce qui est nécessaire, mais la compréhension de ce qui est au travail lorsqu’un éducateur passe de longs moments à ne rien faire avec un adolescent, ou un psychothérapeute à regarder l’enfant dessiner est un véritable plus dans les prise en charge.

       

      Le compte va donc jouer le rôle d’une enveloppe limitante et protectrice : il met au contact l’institution avec le monde extérieur, mais sans la diluer. Elle garde toute son identité tout en profitant des multiples contacts que permet une présence dans le cyberespace. Le compte Facebook est une interface.

      Il ne s’agit pas de remplacer ce qui se fait dans les institutions par Facebook. Il s’agit d’utiliser un média que la culture met à notre disposition. Facebook est neutre du point de vue de son utilisation. Il est possible de s’en servir comme espace de travail supplémentaire. C’est même nécessaire.

      jeudi 14 avril 2011

      Les jeux vidéo, c’est bon pour les vieux (mais ça reste à prouver)

      Dans la série, “Les jeux vidéo c’est bon pour la santé”,  une recherche mêlant jeux vidéo, data mining et psychologie du vieillissement vient de commencer. Elle se divise en plusieurs phases. La première phase est la mise à disposition de l’application, la seconde est l’amélioration du jeu et la troisième est le tracking des performances des joueurs

      L’application s’appelle Brain Jog et elle est disponible sur l’Apple Store [lien]. Elle est composée de quatre mini jeux qui testent la représentation de l’espace, la mémoire, les mathématiques et la fluence verbale

      Le chercheurs attendent un feedback des joueurs et vont utiliser ces données pour améliorer et adapter les jeux.

      A l’étape suivante, l’évolution des performances des joueurs sera suivie , ce qui devrait les aider a mieux comprendre les effets du vieillissement sur le cerveau.

       

      Business as usual

      La psychologie n’a finalement pas grand chose a voir avec cela. Les chercheurs sont rattachés à une Ecole de Musique et d’Art Soniques et le but est bien plutôt de capter un marché qui n’existait pas il y a seulement cinq ans.

      Selon Sharpbrain, le chiffre d’affaire de ces applications a été de 95 millions de dollars. Cette croissance est bien entendu liée au vieillissement de la population et au fait que les séniors sont de moins en moins réticents à utiliser des ordinateurs et des tablettes

      Faut-il le préciser ? L’efficacité de ces applications en termes de gain cognitif n’a jamais été prouvé. C’est même plutôt le contraire

      jeudi 7 avril 2011

      La violence des jeux vidéo ne désensibilise pas

      Les jeux vidéo sont le terrain de conflits idéologiques dont une des traductions est les études portant sur l’impact des jeux vidéo sur la jeunesse.

      Les jeux vidéo prennent la succession de la télévision et du cinéma dans les “media studies”. Ils suscitent d’autant plus l’inquiétude que les joueurs seraient impliqués dans la violence puisqu’ils sont incités et récompensés à avoir des comportements violents. Les joueurs seraient alors peu à peu “désensibilisés” et donc de plus en plus enclins à avoir des comportements violents.

      Une étude publiée dans le numéro de Janvier du Applied Cognitive Psychology  par Holly Bowen et Julia Spaniol apporte un point de vue différent.  La spécificité de cette recherche est que les chercheurs ont testé la “mémoire émotionnelle “ à long teme alors qu’habituellement on teste les effets juste après le jeu.

      Pour les auteurs, cette mémoire émotionnelle est une part importante du fonctionnement de la pensée en ce sens que l’on en peut apprendre des situations dangereuses ou problématiques qu’a partir du moment ou l’on s’en souvient

      Le groupe étudié était composé de 122 étudiants  dont 77 n’avaient pas joué à un jeu vidéo  dans les six mois. 96 sujets. L’échantillon est très féminin (96 filles) . 150 images – positives, neutres et négatives – ont été présentées aux sujets. Elles ont été mélangées à des images supplémentaires et représentées une heure plus tard

      Si les jeux vidéo avaient un effet de désensibilisation à la violence, les joueurs se rappelleraient moins des images violentes. Cette hypothèse n’a pas été vérifiée. Les joueurs et les non joueurs ont des niveaux d’excitation similaires et décrivent les même sentiments lorsqu’ils regardent les images.

      more study is needed”

      Il peut facilement être objecté que quelque chose peut avoir d’autant plus d’influence que l’on ne s’en souvient pas ou critiquer la théorie de l’apprentissage sous jacente à l’expérience.  La désensibilisation est en effet une notion qui vient du behaviorisme qui lui même s’enracine dans la théorie du conditionnement de Ivan Pavlov. La désensibilisation correspond à la disparition graduelle d’une réponse conditionnelle en présentant graduellement un stimulus conditionnel de plus en plus élevé

      Comme c’est habituellement le cas dans ce genre d’étude, les auteurs en appellent à davantage de recherche. C’est d’ailleurs un point sur lequel s’accordent toujours les “pro” et les “anti” jeux vidéo. Les auteurs souhaitent également enregistrer les variables physiologiques qui seraient plus fiables que les entretiens.

       

      Chronic exposure to violent video games is not associated with alterations of emotional memory. Holly J. Bowen, Julia Spaniol. Article first published online: 3 JAN 2011

      DOI: 10.1002/acp.1767