jeudi 14 avril 2011

Les jeux vidéo, c’est bon pour les vieux (mais ça reste à prouver)

Dans la série, “Les jeux vidéo c’est bon pour la santé”,  une recherche mêlant jeux vidéo, data mining et psychologie du vieillissement vient de commencer. Elle se divise en plusieurs phases. La première phase est la mise à disposition de l’application, la seconde est l’amélioration du jeu et la troisième est le tracking des performances des joueurs

L’application s’appelle Brain Jog et elle est disponible sur l’Apple Store [lien]. Elle est composée de quatre mini jeux qui testent la représentation de l’espace, la mémoire, les mathématiques et la fluence verbale

Le chercheurs attendent un feedback des joueurs et vont utiliser ces données pour améliorer et adapter les jeux.

A l’étape suivante, l’évolution des performances des joueurs sera suivie , ce qui devrait les aider a mieux comprendre les effets du vieillissement sur le cerveau.

 

Business as usual

La psychologie n’a finalement pas grand chose a voir avec cela. Les chercheurs sont rattachés à une Ecole de Musique et d’Art Soniques et le but est bien plutôt de capter un marché qui n’existait pas il y a seulement cinq ans.

Selon Sharpbrain, le chiffre d’affaire de ces applications a été de 95 millions de dollars. Cette croissance est bien entendu liée au vieillissement de la population et au fait que les séniors sont de moins en moins réticents à utiliser des ordinateurs et des tablettes

Faut-il le préciser ? L’efficacité de ces applications en termes de gain cognitif n’a jamais été prouvé. C’est même plutôt le contraire

jeudi 7 avril 2011

La violence des jeux vidéo ne désensibilise pas

Les jeux vidéo sont le terrain de conflits idéologiques dont une des traductions est les études portant sur l’impact des jeux vidéo sur la jeunesse.

Les jeux vidéo prennent la succession de la télévision et du cinéma dans les “media studies”. Ils suscitent d’autant plus l’inquiétude que les joueurs seraient impliqués dans la violence puisqu’ils sont incités et récompensés à avoir des comportements violents. Les joueurs seraient alors peu à peu “désensibilisés” et donc de plus en plus enclins à avoir des comportements violents.

Une étude publiée dans le numéro de Janvier du Applied Cognitive Psychology  par Holly Bowen et Julia Spaniol apporte un point de vue différent.  La spécificité de cette recherche est que les chercheurs ont testé la “mémoire émotionnelle “ à long teme alors qu’habituellement on teste les effets juste après le jeu.

Pour les auteurs, cette mémoire émotionnelle est une part importante du fonctionnement de la pensée en ce sens que l’on en peut apprendre des situations dangereuses ou problématiques qu’a partir du moment ou l’on s’en souvient

Le groupe étudié était composé de 122 étudiants  dont 77 n’avaient pas joué à un jeu vidéo  dans les six mois. 96 sujets. L’échantillon est très féminin (96 filles) . 150 images – positives, neutres et négatives – ont été présentées aux sujets. Elles ont été mélangées à des images supplémentaires et représentées une heure plus tard

Si les jeux vidéo avaient un effet de désensibilisation à la violence, les joueurs se rappelleraient moins des images violentes. Cette hypothèse n’a pas été vérifiée. Les joueurs et les non joueurs ont des niveaux d’excitation similaires et décrivent les même sentiments lorsqu’ils regardent les images.

more study is needed”

Il peut facilement être objecté que quelque chose peut avoir d’autant plus d’influence que l’on ne s’en souvient pas ou critiquer la théorie de l’apprentissage sous jacente à l’expérience.  La désensibilisation est en effet une notion qui vient du behaviorisme qui lui même s’enracine dans la théorie du conditionnement de Ivan Pavlov. La désensibilisation correspond à la disparition graduelle d’une réponse conditionnelle en présentant graduellement un stimulus conditionnel de plus en plus élevé

Comme c’est habituellement le cas dans ce genre d’étude, les auteurs en appellent à davantage de recherche. C’est d’ailleurs un point sur lequel s’accordent toujours les “pro” et les “anti” jeux vidéo. Les auteurs souhaitent également enregistrer les variables physiologiques qui seraient plus fiables que les entretiens.

 

Chronic exposure to violent video games is not associated with alterations of emotional memory. Holly J. Bowen, Julia Spaniol. Article first published online: 3 JAN 2011

DOI: 10.1002/acp.1767